Gravestones | Pv

Messages : 92 Date d'inscription : 01/10/2011 Pseudo : « Neer

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Les cimetières ne sont pas, pour la plupart, des lieux recommandables. Entre ceux terrorisés par des bruits imaginaires, et ceux qui pillent les tombes, il n’y a pas de quoi être fier de ce rendre en un pareil endroit. Surtout qu’en général, ces lieux sont réputés pour ne voir que tristesse et chagrin. Des décès que l’on vient pleurer, sans cesse, à tort ou à raison. Parfois, c’est simplement pour y déposer des fleurs, d’autres pour verser une larme ou s’apitoyer sur le sort que l’on nous réserve. Un lieu diffame de l’ordinaire, voué d’échec et de compassion. Un lieu inerte où reposent des cadavres au fin fond d’une caisse de béton armé.

Le derrière posé sur une tombe de marbre, les pieds bien ancrés dans le sol nu et poreux, le regard vague posé en un endroit fixe. Un léger souffle venteux vint déloger la tignasse blonde du garçon pour soulever et la rabattre aussitôt sur son crâne, laissant un fouillis de nœuds dans une chevelure batailleuse. Passant la main dans sa chevelure, il vint remettre au mieux sa coiffure avant de poser cette même main sur la pierre froide et terne. Tout son être penché légèrement vers l’arrière, s’appuyant sur ses deux bras posés sur la roche froide. Cela faisait un moment qu’il n’avait pas remis pied dans un cimetière. Il faut avouer qu’il ne les apprécie pas tant que cela, les cimetières. Et ce, pour une raison très simple ; ils lui rappellent inévitablement Lise et sa mort prématurée. S’il n’avait pas été bousculé l’autre matin, par une copie conforme de son amour perdu, il la croirait encore six pieds sous terre. Mais désormais, tout semblait d’une confusion sans pareille. Cela ne faisait que souffrir un peu plus le Malvienn. Lui qui déjà s’en voulait pour sa mort, voilà qu’il s’en voulait pour avoir cru à sa mort, la délaissant sous un amas de cendre et poutres poussiéreuses. Cela remontait à quelques temps tout de même. Il aurait mieux valu qu’il oubli ce mal d’antan. Il avait eu beau tenter le diable, jamais il n’était parvenu à défaire son esprit du visage de la jeune femme. Toujours son sourire au visage, même lorsque ces yeux reflétait une tristesse infinie. Il l’admirait pour sa bravoure et son courage. Elle s’était toujours surmenée, mais désormais tout semblait flou. Inconnu.

Ren restait de marbre, tout comme la pierre sur laquelle il s’appuyait. Son regard brun-doré fixé sur la pierre tombale face à lui. Les lettres, bien qu’à moitié effacées laissait entrevoir un nom : « Levensbee ». Le nom de Lise. S’il ne se recueillait pas, il y pensait fortement. Et si ce n’était pas pour Lise qu’il le faisait, c’était au moins pour ses parents, défunts à une mort tragique, tués sur la route. Il y avait toujours eu des morts prématurés, des morts horribles, des morts tragiques, et d’autres voulues. Il y avait toujours un brin de folie, un brin d’initiative dans une mort. Ceux que redoutait Ren c’était la mort, tout autant que la vie. Thanatophobe. Il l’était et ne le niait pas.

« Lise … »

Murmura-t-il entre ses dents. Un sentiment de haine l’empreignait. Il se haïssait lui-même d’avoir été le facteur principal de leur brusque rupture. Il savait qu’il n’était seul. Mais peut lui importait. Et bien qu’il fût l’une des principales figures et de la rigueur, de la force à l’état brute, il n’en demeurait pas sans faiblesse. Peu importe qu’on le voie ainsi, avec ce visage sans vie et ces yeux ternes, cette souffrance présente sur son visage. Il n’en avait que faire de ce que l’on pourrait dire. Ren était un anti-social et ce pour le bien des autres. Il finit par s’abaisser totalement sur la tombe, allongé dos contre la pierre froide. Le regard vague vers le ciel. Un ciel gris et terne, comme son cœur.