Six heures du matin.
Un Vendredi.
Decoy était reveillé depuis un bon moment déjà. Depuis huit heures du matin… huit heures de la veille, bien sur. Il n’avait pas dormi de la nuit. Il n’avait pas sommeil. Il avait erré dans la ville, volé, un peu, sous sa forme de héron, pour tuer le temps… et puis il avait fumé, aussi. Encore plus que d’habitude… simplement parce qu’il avait envie, parce que ça lui faisait du bien. Accro ? Pas le moins du monde voyons. Quand son paquet s’était vidé – pas tout seul, il était retourné sur la rue marchande et en avait pris un autre. Et puis il était allé s’assoir à coté de la barrière qui isolait cette ville du monde, comme une prison le fait si bien.

Il s’était assis. Pas pour réfléchir. Juste pour ne penser à rien, rien du tout. C’était si bon, de temps en temps… d’accord, peut être que ses abus de tabac étaient pour quelque chose dans cet état second. Toujours est-il qu’il planait depuis le début de la nuit, complètement stone. Puis, quand il en avait eu marre de jouer au moine bouddhiste, il s’était levé et avait recommencé à écumer la ville. Comme un fantôme…
Mais à présent, le jour s’était levé. Un nouveau jour, de nouvelles résolutions… ouais, ou pas.
Il se dirigea machinalement vers le parc. C’était le seul endroit qu’il n’ait pas visité…
Les lourdes grilles, à l’origine noires, mais maintenant dévorées par la rouille et la mousse étaient entrouvertes. Tiens… quelqu’un ?
Allez, un brin de compagnie ne te feras pas de mal mon ptit.

Il suivit le chemin principal, un peu boueux à cause de la rosée du matin, jusqu’à trouver ledit quelqu’un…
C’était un gars qui devait être un peu plus agé que lui, les cheveux pâles, le regard froid, bien qu’on ne voit pas très bien derrières les lunettes fumées qu’il portait. Il était en train de manipuler quelque chose que Decoy connaissait bien… ou aurait aimé connaître en tout cas. Il s’approcha de lui.

« Tu m’en donne un peu ? »