Solitaire et renfermée, Heather n’est pas un modèle d’exubérance et de stupidité. Intelligente, silencieuse, classe, la jeune fille dégage une aura assez étrange, du genre de celles qui vous inspire confiance en même temps qu’elle vous dégoûte au plus haut point. Elle semble à la fois attirante et repoussante, agréable et détestable, gentille et méchante. Pourtant, malgré ses sarcasmes et ses commentaires affûtés, elle n’est au fond pas une méchante fille. Elle accorde rarement sa confiance, et avant de s’engager à faire quelque chose, elle veut connaître tous les détails. Ainsi, que ce soit pour aller acheter des tomates à une vieille dame ou pour tuer un homme contre de l’argent, elle voudra tout savoir. Dans le premier cas, le poids, l’espèce, la couleur. Dans le second cas, la situation de la victime, sa famille, son boulot, et tout ce qui pourrait l’aider à cerner le personnage.

Heather écoute toujours attentivement les gens qui trouvent le courage de l’approcher, même si elle ne répond pas forcément. Elle a également, malgré ses actions pas forcément honorables, un sens personnel de la justice. Ainsi, elle acceptera un contrat sur un pédophile qui a traumatisé cinq gamines et refusera celui marié-trois-enfants qui a juste envoyé une insulte dans la rue. Son expérience avec la mafia l’a poussée à être méfiante, et elle change toujours de chemin pour rentrer chez elle pour qu’on ne puisse pas la suivre.

Pas forcément soucieuse du jugement extérieur des gens, Heather aime cependant bien se fringuer. Elle aime beaucoup les tailleurs et les tenues près du corps, ainsi que les accessoires discrets mais qui donne un côté un peu plus classe. Elle n’aime pas l’artificiel, et refuse ainsi tout maquillage superflu. Un coup de gloss si la personne à rencontrer est importante, mais rien de plus. Notez aussi que sans se surestimer, elle se fait confiance.

Seule.

Heather avait toujours été seule, au fond. Et quoi que puisses en dire Charity, elle avait du mal à croire qu’elle avait des parents. Si elle en avait, alors pourquoi était-elle dans cet orphelinat, à partager sa chambre avec une barbie, une fille-à-maman et une psychopathe en herbe ? Elle n’avait aucun souvenir de ce que les autres appelaient des parents, et ne voulait d’ailleurs pas en avoir. Si elle était ici, ce n’était certainement pas par hasard.

« Hé, Heather, il est l’heure de manger, tu viens ? »

La dénommée regarda Charity et Pauline, qui attendaient une réponse, puis soupira. Elle se leva, quittant à regret le radiateur sur lequel elle s’était assise pour regarder par la fenêtre. Elle n’avait pas faim, ne voulait pas bouger, mais elle ne voulait pas non plus les entendre couiner. D’un pas plus ou moins motivé, la gamine de 7 ans s’avança vers ses amies en esquissant un sourire forcé. Un dernier regard à la fenêtre lui annonça que la pluie avait commencé à tomber, et un sentiment de détresse serra le cœur d’Heather.
Elle n’aimait pas la pluie.

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Cours.

L’arme au poing et talons aiguilles aux pieds, Heather atteignit enfin la BMW noire de Fabio où elle retrouva ce dernier en sang, assis contre une portière. Le cœur battant, la jeune fille se jeta auprès de son supérieur hiérarchique. Depuis qu’elle était rentrée dans la mafia, c’était toujours Fabio qui l’avait chaperonnée, épaulée, aidée. Elle le considérait vraiment comme un ami, mais malgré tout elle ne lui faisait pas confiance. C’était la mafia, ici, pas une cour d’école.

« Fabio, ça va ?
- T’inquiète pas pour moi et détruis plutôt ces bâtards. »

La jeune fille acquiesça d’un air entendu, et alors qu’elle se levait au-dessus du capot pour cribler de balle les membres d’une famille ennemie, une chaleur atroce tomba sur le monde. Un souffle malsain la projeta au sol, contre Fabio, et une violente toux la prit. Du sang dégoulinait de ses lèvres tandis que le mafioso à côté tentait d’éloigner sa protégée de là. Une odeur terrible et lourde restait dans les airs, et respirer devenait un supplice. Finalement, les deux trouvèrent refuge dans une sorte d’autel en pierre détruit, où l’air était encore un peu respirable. Dans les bras l’un de l’autres, toussant et crachant du sang, ils tentèrent d’expliquer ce qui venait de se passer.

« Que…qu’est-ce que…
- La centrale…j’en suis sûr.
- Fabio…t’es pas…sérieux ?
- Je le suis…plus que…je l’ai jamais…été… »

Une violente toux le prit, et la respiration commençait à redevenir difficile. Heather sentait sa tête tourner, elle voulait de l’air frais, juste de l’air frais…La main de Fabio sur sa hanche la fit réagir. Il souriait d’un air malade.

« Tu mérites pas de crever, Heather. Tire-toi, va dans l’métro, y doit faire bon là-bas.
- Tu déconnes là ? j’te laisserai pas, tu m’entends ? (Un silence passa, et affolée la jeune fille ignora la douleur qui la prenait) Fabio !! »

Mais le mafioso, mort, ne répondrait plus jamais. Son visage mêlé de larmes et de sang, Heather réussit à rejoindre la station de métro, où elle chuta dans l’escalier. Il faisait frais et bon, et c’était désert. Elle rampa jusqu’à un banc, et se blottit dessous. Une quinte de toux la prit, et dans un murmure rauque, elle tenta désespérément d’appeler son ami.

« Fabio… »

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Cela faisait 3 jours qu’elle avait quitté la mafia, alors que presque tout était dissipé, et Heather errait depuis longtemps dans la ville, hagarde, à regarder les gens se tordre de douleur. Une peine la transperçait à chaque fois qu’elle faisait un pas, mais elle décida au détour d’une rue de ne jamais montrer autant de faiblesse. Fabio avait dit qu’elle ne méritait pas de crever, il lui avait filé l’astuce du métro.

Elle vivrait, pour lui, pour le remercier. Elle vivrait parce qu’elle ne méritait pas de crever.

Très attachée à son arme, Heather en a une très grande maîtrise et l’a même trafiqué un peu pour le personnaliser. En fait, elle a surtout trafiqué ses balles, dans lesquelles elle a injecté un liquide louche trouvé dans les laboratoires. Après avoir testé sur un type dans la rue, elle s'est aperçue que ça les rendait aléatoirement malade, même si le truc qui ressortait le plus souvent était la gastro.
Elle a nommé son arme Ethan et y tient énormément ; elle ne s’en séparerait pour rien au monde, et si c’est une faiblesse pour le moment inexploitée, le fait d’avoir le sentiment que son arme sera toujours là offre à Heather une grande confiance en elle.