Plus que nos yeux pour pleurer. | FREE

Messages : 102 Date d'inscription : 30/06/2011 Pseudo : Shane-Hinayu

Il devait être quatre heures du matin. Ce n'était pas les éclairs, la pluie qui frappait les carreaux, pas même le tonnerre qui m'avaient sortie du sommeil. Je m'étais redressée, repensant au cauchemard que je venais de faire. J'étais dans le noir, comme d'habitude. Mais dans l'obscurité omniprésente, j'avais vu leur regard, loin. Puis ils s'étaient approchés. Et dans le noir, des silhouettes s'étaient dessinées. Le millitaire et le scientifique que j'avais tués. Le millitaire avec les yeux bordeaux d'Ezio. Le scientifique avec le regard noisette de Yann. Et je ne pouvais hurler, plongée dans ces deux regards, si familiers. Ces deux regards, venant de deux personnes que j'avais tué. Je tenais mes genoux, tremblante. Je regardai par la fenêtre, admirant le spectacle des éclairs zébrant le ciel, crochus et biscornus comme des doigts de sorcière. Les nuages étaient d'encre, masquant totalement le ciel bleu qui se cachait derrière. Je regardai l'appartement, et me levai, sans faire de bruit. J'attrapai ma veste et sortis, fermant doucement la porte. Pour ne pas réveiller ceux qui avaient la chance de parvenir à dormir.

Je montai sur le toit de l'immeuble, décidée à voir le ciel autrement que derrière une fenêtre. Un mélange de tristesse et de rage s'était installé dans tout mon être, me transformant totalement. Je me moquai beaucoup moins, j'étais plus calme. Je parlai moins. Je restai dans mon coin à ressasser de plus ou moins mauvais souvenirs. Et ruminant encore et toujours cette rage et cette colère que je n'avais pas encore réussi à exprimer autrement que par la violence et la vengeance. Rien de très concret en somme. Rien qui ne me satisfaisait, qui m'aidait. J'allais jusqu'au bord de l'immeuble, et regardai tout en bas. Et dire qu'un jour j'avais envisagé de sauter.

Aujourd'hui je regardais le ciel, avec tristesse et détreize. Détresse pardon. Pas assez triste pour arrêter mes jeux de mots pourris. Mais bien assez pour ne plus avoir envie de l'ouvrir, et de parler aux autres. Juste envie de m'adresser au gouvernement, et de leur balancer à la figure la réalité, ce qui se passe sous leur nez. Parfois pour rester sain d'esprit il faut se parler à soi même. Ils y a trop de fous qui écoutent sans discuter les injonctions de leur cerveau...

«　Vous nous dîtes il ne vous sera fait aucun mal mais qu'en savez vous? Ou pire, pourquoi vous nous prenez pour des andouilles? Nous ne sommes pas dupes. Nous sommes humains avant tout, et vous avez tous autant que vous êtes, tendance à l'oublier. Vous avez tendance à oublier nos droits, notre dignité. Vous avez tous tendance à oublier que nous avons le droit de vivre, de respirer, autant que vous. Nous sommes humains, et il est dommage de l'oublier. Si jamais par le fruit du hasard vous passez de l'autre côté du miroir, chercherez vous toujours à nous tuer, alors que vos propres collègues se seront retournés contre vous? 　»

Je parlai fort, comme pour couvrir le bruit généré par la pluie et le tonnerre. Je marquai une pause, et repris avec beaucoup de conviction dans la voix.

«　Vous nous dîtes que nous sommes des monstres. Non, nous sommes juste des êtres supérieurs, façonnés par un accident stupide. Qui a ruiné notre vie, nous condamnant à jamais à vivre dans cette prison à ciel plus ou moins ouvert celon les avis. Nous sommes enfermés, et lorsque nous avons enfin accepté de vivre celon vos règles, vous venez pour nous détruire. Dans l'histoire, qui sont les monstres? Pas nous.　»

Nouvelle pause, celle qui marqua le début de mes sanglots.

«　POURQUOI ÊTES VOUS VENUS? HEIN, POURQUOI? Vous ... n'êtes que... des ... VOUS N'ÊTES QUE DES CONNARDS!　»

Je pleurai, incapable d'en dire davantage. J'avais dis ce que j'avais à dire, alors pourquoi je me sentais aussi mal?

Messages : 340 Date d'inscription : 30/12/2010 Age : 30 Pseudo : Ninetales

- La pluie tambourinait aux fenêtres.
  
  Dehors le temps se déchaînait, le ciel pleurant toutes ses larmes et exprimant sa colère par de lumineux éclairs. Un coup de tonnerre déchira l'air, et Ezio ouvrit ses yeux bordeaux sur l'obscurité de la chambre. Allongé sur le canapé, sous une couverture trouvée au hasard, il se sentit plus que jamais confortablement installé. Pourtant, il réalisa rapidement que quelque chose, ou plutôt quelqu'un, manquait. Treize. Elle s'était endormie contre son épaule la veille au soir, et désormais elle n'était plus là. Allons bon.
  
  L'italien se leva en s'étirant et en laissant échapper un bâillement qui lui tira quelques larmes de l'oeil droit. Il attacha les boutons du haut de sa chemise blanche froissée, frappa négligemment son pantalon pour en chasser temporairement quelques plis, puis attrapa sa veste et le parapluie d'Aaron, qui traînait dans un coin. L'adolescent eut une pensée rapide pour Heather, qui dormait avec le français dans la chambre d'ami, puis il sortit de l'appartement à son tour.
  
  Illuminé seulement par les éclairs et la lune blafarde, le palier était sinistre au possible. Les éclairs renvoyaient des ombres effrayantes sur les murs blancs, aussi Ezio ne s'attarda-t-il pas et se mit à grimper les escaliers jusqu'au toit deux à deux. Il trébucha une fois, mais se releva et arrive jusqu'à la porte qui donnait sur le toit. Il appuya le dos contre la porte, l'ouvrant ainsi en ayant les mains libres. Il ouvrit le parapluie au moment où il sortait sous la pluie, et fut accueilli par les hurlements rageurs de Treize.
  
  « POURQUOI ÊTES VOUS VENUS? HEIN, POURQUOI? Vous ... n'êtes que... des ... VOUS N'ÊTES QUE DES CONNARDS! »
  
  Ce n'était que la fin d'un long monologue, et Ezio n'avait pas bougé. Finalement, il avança tranquillement vers Treize, qui pleurait par terre, le claquement de ses chaussures légèrement étouffé par la pluie qui recouvrait le carrelage. Il s'arrêta juste à côté d'elle, la protégeant des larmes qui tombaient des nuages gris, et posa son regard sur elle. Un éclair fendit le ciel, donnant un air de film d'horreur. Ezio réalisa à cet instant qu'il n'avait pas d'arme sur lui. Bah, peu importait, les chiens du gouvernement devaient dormir.
  
  "Ca ne sert à rien de crier, ils ne t'entendront pas."
  
  Main gauche dans la poche, main droite tenant le parapluie, regard vers l'horizon à peine visible dans la brume, l'italien faisait son possible pour ne pas trembler.
  
  Regarde, maman. Le ciel est en larmes.

Messages : 102 Date d'inscription : 30/06/2011 Pseudo : Shane-Hinayu

Je voulais qu'ils m'entendent, qu'ils sachent tous ce que je pense d'eux. Qu'ils réalisent enfin qu'ils sont tous des pourritures, que leurs coeurs sont rongés par le sang qu'ils ont versé.

Ca fait mal. Mal de savoir que nous étions en infériorité numérique. Mal, parce que nous avions déjà assez de malheurs comme ça dans nos vies. Tous, enfermés dans une bulle par ce même gouvernement qui aujourd'hui cherchait à nous exterminer. Comme des cafards. Comme si nos vies n'avaient aucune valeur. C'était exactement ça. Nos vies n'avaient aucune valeur à leurs yeux. Nous étions bons à raser de la carte. Quitte à perdre des têtes dans son propre troupeau. Tant que la carte restait belle et nette.

"Ca ne sert à rien de crier, ils ne t'entendront pas."

Je me retournai en entendant la voix d'Ezio. Il s'était arrêté à côté de moi, m'abritant ainsi de la pluie. Je me redressai, et posai ma tête contre son bras, à défaut de pouvoir la poser sur son épaule. Je ne savais pas vraiment quoi répondre. Peut-être que pour une fois, il n'y avait rien à répondre. Juste écouter, entendre. Comprendre. L'horizon était voilée par les nuages et la pluie. Et dire qu'un jour, j'aurais prit le temps d'admirer ça. Une dernière fois, avant de sauter dans le vide. De quitter ce monde, définitivement. Mais je ne pense pas que ce soit par lâcheté que je ne sois jamais passée à l'acte. C'était peut-être parce que je tenais encore un minimum à la vie. Ou alors... Parce que je n'arrivais pas à encaisser la mort de Yann. Que je n'arrivais tout simplement pas à admettre que c'était vrai. Ce côté abrupt, définitif. Et surtout, irréversible.

Je me revoyais, écoutant du Muse sur un banc dans la cour de l'Orphelinat. Moi, et mes cheveux longs. Comme ça semblait loin cette époque... J'entends encore les paroles qui résonnaient alors dans mes oreilles. Ce refrain, que l'on chantait à tue-tête, tous les deux, dans l'immeuble abandonné. Et à ce moment là, des gamins qui arrivent. Leurs regards mauvais, dardés sur moi.

" Tsss, Pellen est plus là pour te protéger Heaster. "

Et moi qui faisait des efforts pour ne pas les envoyer ballader. Pour ne pas les faire crisser des dents, en leur rappellant leurs échecs précédents. Manoeuvre qui aurait été maladroite, car à ce moment là, j'étais avec Yann.

" Elle nous entend pas la p'tite Heaster? "

Le plus grand m'arracha mes écouteurs et lança mon mp3 par terre. La bête était solide, elle était tombée plus d'une fois. Tant qu'on ne sautait pas dessus comme un dératé. Heureusement pour la petite chose, ils ne s'en préoccupèrent plus. Le plus grand m'attrapa par les cheveux et me jeta par terre. Je n'avais pas de couteau à ce moment là. Et je ne savais pas encore que j'étais une Yacii. De plus, j'étais encore plus petite qu'aujourd'hui. Une bête minuscule et famélique. Le second m'envoya un coup de pied dans les côtes, et on me plaqua la tête au sol avec un autre pied. Qui sème le vent récolte la tempête.

Messages : 340 Date d'inscription : 30/12/2010 Age : 30 Pseudo : Ninetales

- Pas un mot.
  
  Treize s'était juste redressée, et avait posé sa tête sur le bras d'Ezio. Ce dernier regardait toujours les éclairs qui déchiraient le ciel, et réalisa rapidement que garder son parapluie ouvert sur le haut d'un grand immeuble était assez dangereux avec ce temps là. Mais s'il le fermait, sa compagne serait trempée. Bah, d'un autre côté, elle l'était déjà avant qu'il n'arrive. Et alors que le mafioso allait fermer sa protection contre l'averse, un gros bruit le fit se retourner.
  
  S'avançant vers eux, une créature à l'allure vaguement humaine. C'était assez dur de voir en détail ce qui venait, et pourtant, un éclair traversa le ciel au bon moment. Ou, selon la vision des choses, au pire. La lumière n'éclaira la scène qu'une demi-seconde, mais ce fut suffisant pour que le cerveau d'Ezio fasse les liens et les ressemblances. Cette horreur -il avait du mal à l'appeler comme ça, même dans le secret de son esprit-, il la connaissait...et ça lui brisait le coeur.
  
  Le parapluie tomba sur le sol, s'échappant des mains bien trop tremblantes du jeune italien.
  
  "M....Milena ?"
  
  Sa voix tremblait, d'un ton entre l'incrédulité et la supplication. Ces yeux clairs, d'un bleu légèrement vert, et ces quelques mèches blondes sur ce qui lui restait de tête humaine...Ezio attendait presque une réponse, une parole, un hurlement. Déments, je t'en supplie. Il n'avait jamais été très affectueux envers sa demi-soeur, et ne lui avais pas beaucoup parlé...mais il redécouvrait à présent la même détresse qu'il avait déjà subi, ce jour là, quand il avait réalisé que sa mère était partie...et ne reviendrait jamais.
  
  L'orage, la pluie, le ciel. Tout lui semblait futile, détruit, flou. Le monde autour n'était qu'une obscurité sans fond. Ses yeux bordeaux croisèrent le regard de la créature, et des larmes lui montèrent aux yeux.
  
  Ne pleure pas, Ezio. Per favore.
  Le corps douloureux, souffrant le martyr, Milena se traînait vers son demi-frère. Elle voyait les larmes dégouliner sur ses joues, se mêlant à la pluie. Quand elle avait vu le refus et la résignation qu'il avait montré à leur première rencontre, elle avait décidé de ne plus aller le voir. Juste envoyer un SMS de temps à autre.
  Quelle bêtise. Si seulement elle avait su. Tendant un bras mutilé vers les deux adolescents, un gémissement s'échappa de sa gorge meurtrie. Ses corde vocales étaient tellement réduites, elle avait tellement hurlé, tellement souffert. Et même si sa voix traînante faisait peur, elle ne lui voulait pas de mal. Je t'aime, Ezio.
  
  "E...ziiii....ooo...."
  
  Le dénommé, incapable de dévier son regard, ne cessa de trembler, trempé par la pluie. Si seulement il avait su. Pourquoi. Pourquoi n'avait-elle pas démenti ? Pourquoi ? Comment ? Pourquoi avait-il fallu qu'elle se fasse attraper ? Comment avait -elle été réduite à cet état ? Qui avait osé faire ça à...quelqu'un, qui partageait son sang ?
  
  Incapable de bouger, non armé, Ezio resta immobile, sous la pluie et les éclairs.
  
  Un décor apocalyptique dans un monde qui s'écroule.

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Messages : 102 Date d'inscription : 30/06/2011 Pseudo : Shane-Hinayu

Ezio la connaissait. On lisait l'incompréhension dans ses yeux bordeaux, alors que l'eau ruisselait sur son beau visage, emportant ses larmes. Car Ezio pleurait. Il pleurait en voyant cet créature. Il pleurait, car il savait qui se cachait derrière ce masque repoussant. Le créature tendis un bras, et croassa le nom de mon compagnon. Cette créature, connaissait également Ezio. Je m'approchai un peu, tendant ma main à la créature.

" Qui ... qui es-tu? ", fis-je d'une voix tremblante.

La créature me regarda, les yeux humides, tristes. Et soudain, la situation changea du tout au tout. Son regard passa du chagrin à la sauvagerie, en quelques millièmes de secondes. Plus aucune trace d'humanité dans ces prunelles, juste une lueur bestiale. Qui que cette créature ait été, elle ne l'était plus. La créature eut une sorte de haut le coeur, qui secoua tout son corps. Puis la bête se redressa, et je vis ses ongles devenus griffes arriver vers moi. Dans un geste de désespoir, je mis mes bras devant mes yeux. Premier coup, par son bras gauche. Trois plaies béantes sur le bras droit. Second coup, par son bras droit. Quatres plaies sur le flanc. Un cri s'échappa de ma gorge. Totalement contre ma volonté. Je n'avais pas voulu crier.

J'heurtai le sol avec violence. La créature poussa un mugissement furieux, et se calma. Je distinguai même dans ses yeux un soupçon de regret. Mais d'aussi puissant que la première fois que j'avais croisé son regard. Elle devenait bestiale. Son âme humaine mourrait, elle ne serait bientôt plus. En fait, je m'inquiétai plus pour la bête que pour moi. Attaquer les autres à son insu, quelle vie terrible.

Le sang s'étalai autour de moi, dilué par la pluie. Mes yeux étaient entrouverts, et fixes. Je n'avais même plus la foi de regarder autour de moi. Juste regarder la pluie qui tombe. Juste... juste attendre, ne plus bouger. Mourir? Je n'en avais pas l'intention. Mais peut-être que j'allais finalement partir. Contre mon gré. A-t'on vraiment le choix, une fois la Faucheuse à sa porte? On a qu'un seul choix. Partir l'esprit libre, de son plein gré. Partir à contrecoeur, obligé par l'horloge de la vie, ou par un corps qui ne tient plus la route. Tu parles d'un choix. Les larmes coulèrent. Mais elles étaient invisibles, cachées par la pluie.

Silencieuses et froides, comme la mort qui ne m'aurait pas. Pas cette fois.

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Messages : 340 Date d'inscription : 30/12/2010 Age : 30 Pseudo : Ninetales

- " Qui ... qui es-tu? "
  
  Treize s'approcha de la créature, tendant une main frêle vers ce qui restait de Milena. L'air un peu déconnecté de la réalité, Ezio observait la scène de ses yeux rouges...et revint dans le monde réel en moins d'une demi-seconde. Juste le temps pour un éclair de traverser le ciel, et le monstre était passé du calme à la sauvagerie. Treize se retrouva au sol en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, et l'italien se maudit presque d'avoir fermé les yeux.
  
  Plusieurs coups de griffes, et une yacii étalée dans une flaque de sang. Le jeune fille aux cheveux châtains avait laissé échapper un cri entre la surprise et la peur. L'hémoglobine coulait doucement des griffures sur le flanc et les bras de Treize, et ses yeux étaient à peine ouverts sur le ciel anthracite. Une violente impression de déjà-vu s'empara d'Ezio. Ce jour là, sur un parking brûlant, Heather s'était prise une balle. Elle se souvenait de la détresse qu'il avait lu au fond de ses iris de glace. Et ne voulait plus jamais la revoir chez qui que ce soit.
  
  "Treize!"
  
  Ezio la rejoignit en quelques enjambées, et se laissa tomber à genoux à côté d'elle, ignorant l'eau qui le trempait de la tête aux pieds. Sa main droite effleura la joue glaciale de la yacii, dont la respiration sifflante s'affaiblissait. Il retira sa chemise, la pliant soigneusement. Il avait l'impression de ne faire que ça, ces derniers temps. Arrêter des hémorragies. Tenter de sauver des vies. Retenir sa panique alors qu'une boule lacérait le ventre. Les larmes ne cessaient pas de couler de ses yeux d'un rouge dangereusement assorti au sang oxygéné.
  
  Qu'avait-elle fait ?
  Observant de ses pupilles inhumaines les griffes tachées de sang qui remplaçaient ses mains, Milena était effarée. Elle avait eu un trou de mémoire, un blanc. Et quand elle avait repris conscience d'elle-même...la jolie demoiselle gisait au sol, dans une flaque de sang. Ezio s'était jeté sur elle en hurlant son nom. Treize... Désolée, jeune fille. Désolée. Désolée.
  Faisant quelques pas, la créature réussit à articuler un ordre rauque. Avec une lueur de peine et de douleur au fond de ses yeux d'un magnifique bleu, qui virait doucement vers le vert. Couleur de l'espoir.
  
  "Tue....moi...per....favore..."
  
  Ezio affronta un instant le regard de sa demi-soeur, qui lui implorait de la faire disparaître alors qu'il lui restait encore un peu d'humanité. Alors il fouilla dans la poche de Treize, en sortit un couteau rétractable. Il l'ouvrit, et le pointa vers la créature qui recula de quelques pas. Le monde n'était plus qu'une mélange de tâches floues et distantes. Laissant sa chemise pliée en guise de tampon, l'italien se leva en vacillant un peu, son corps trempé et tâché du sang de sa petite-amie. Ses larmes dégoulinèrent de plus belle alors qu'il serrait son arme plus fort dans son poing.
  
  "Je suis désolé, Milena. Si j'avais su...ah, peu importe au fond, non ? Je ne peu pas rattraper le passé. (Il resta un instant silencieux, puis avala avec difficulté sa salive.) Une fois là-haut...dis bonjour à maman de ma part, d'accord ?"
  
  Silence, puis de nouveau sa voix étranglée.
  
  "Adieu, Milena. Je t'aime."
  
  Et poussé par l'adrénaline, il prit son élan et courut vers la grande créature sanguinolente. Ses yeux rouges rencontrèrent une dernière fois les yeux clairs de celle qui avait été sa demi-soeur, puis le couteau s'enfonça dans la gorge de Milena, qui poussa comme un gémissement étouffé. Rapidement, le corps se décontracta, laissant échapper un dernier murmure.
  
  "Grazie Mille, Ezio."
  
  Et la créature tomba au sol, dans une flaque de sang sombre. Le couteau partit voler dans une flaque proche, tandis qu'Ezio se laissait tomber à genoux, se traînant douloureusement auprès de Treize, pour continuer à stopper l'hémorragie. Il l'embrassa avant de se relever, laissant quelques larmes couler sous la pluie.
  
  Ne meure pas, je t'en prie.

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Messages : 102 Date d'inscription : 30/06/2011 Pseudo : Shane-Hinayu

Un jour de pluie Choko m'avait expliqué:
" Lorsqu'il pleut, c'est que les morts sont tristes. Ils versent alors toutes leurs larmes, et tous ensemble ils sont capable d'inonder un pays de leur tristesse. Leurs larmes passent au travers des nuages et viennent abreuver la terre. Tout renait alors. La vie nait du désespoir. Les morts sont tristes en voyant toute la misère de ce monde, en voyant les hommes se déchirer entre eux et se faire la guerre. Les morts ont mal pour nous Treize. Il faut les respecter, et faire tout pour être heureux. Afin de leur épargner des larmes et de longues heures de souffrance muette.

- Les morts doivent être très tristes en Bretagne alors.

- Ils sont plus émotifs, et pleurent sans doute pour un bel évenement de temps en temps. "

Je sais aujourd'hui à quel point elle avait raison. Les morts sont tristes. C'est sans doute pour ça qu'il pleut beaucoup à Nightfield. Ezio cria mon nom et s'agenouilla au près de moi. Des larmes coulaient sur ses joues, se mêlant à celles des morts qui nous pleuvaient dessus. Ses yeux bordeaux étaient emplis de tristesse et d'inquiétude. D'incompréhension, face à ce qui venait d'arriver. Il caressa sa joue, et tenta de stopper le flot d'hémoglobine avec sa chemise détrempée. Que de morts, que de blessés. Il y en avait trop, toujours à cause des mêmes. Toujours eux, encore eux. Le Gouvernement. Je regardai sur le côté, et vit la créature, en proie au désarroi. D'une voix rauque elle implora Ezio.

"Tue....moi...per....favore..."

Ses yeux recontrèrent ceux de la créature. Il y avait un lien entre eux c'était indéniable. Il fouilla dans ma poche, et je sentis sa main se refermer sur mon couteau. Il n'allait ... quand même pas... la tuer? Il se leva, et de mon bras valide je tentai d'attraper son jean, pour l'empêcher d'avancer. J'étais et je resterai une Yacii avant tout. Ma main glissa, et je ne pus le retenir. En pleine forme je n'étais déjà pas très forte. Mais amochée comme j'étais... Il s'approcha, et la créature recula, avant de se résigner à son sort.

"Adieu, Milena. Je t'aime."

Et la créature tomba, une plaie béante dans la gorge. La douleur s'intensifia dans mon bas-ventre, comme pour me punir de ne pas avoir sauvé la créature, encore assez humaine pour que mon pouvoir me pousse à la sauver. Ezio se traîna vers moi, laissant tomber mon couteau dans une flaque. Il déposa un baiser sur mes lèvres, avant de se redresser. Il m'implorait du regard.

Je ne vais pas mourir Ezio, je n'en ai pas l'intention. Mon heure n'est pas venue. Je toussai, et tentai de me redresser, m'appuyant sur le sol trempé. C'était difficile. Je parvins à me redresser quelques instants, avant de me mettre sur le côté. Difficile. Je levai les yeux, et poussai un cri. Derrière Ezio, il se tenait droit, un sourire sur les lèvres.

Yann.

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