 |  Sujet: Born. Live. And Did. | Pv Heather Jeu 8 Mar - 22:19 | |
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Non, sérieusement. Il n'avait jamais apprécié cet endroit. Il le détestait. Même plus encore : il le haïssait. Pourtant, ce n'était pas la première fois qu'il y reposait les pieds, depuis qu'il se retrouvait enclavé à NightField. Était-ce un quelconque instinct qui le poussait à revenir sur les traces de son enfance ? Une subite envie de retrouver quelques souvenirs ? Aucune idée. Quoi qu'il en soit, c'était en ce jour pluvieux qu'il venait honorer de sa présence la vieille bâtisse. Haussant les épaules, il regarda longuement la façade, laissant les gouttes glisser sur ses cheveux d'une propreté impeccable pour venir ensuite s'écraser dans son cou. Et c'est en poussant un long soupir qu'il s’engouffra par la porte entrouverte, laissant ensuite ses yeux s'habituer à l'obscurité du lieu.
Lewis ne connaissait en rien ses origines. Pour lui, ses parents n'existaient pas, ou plus. Il ne s'était jamais trop attardé sur cette question, redoutant dans un certain sens ce qu'il pourrait découvrir là-dessus. D'un autre côté, quand il avait voulu illuminé cette partie obscure de son histoire auprès d'Alice, elle avait secoué la tête en lui répondant que ce n'était pas encore le moment et qu'il finirait par le découvrir seul. Ce qui confirmé certaine de ses craintes sur des géniteurs trop spéciaux à son goût. Soit, de toute façon cela n'avait guère d'importance, ce n'est pas en restant coincé ici qu'il pourrait découvrir quoi que ce soit. Et vu qu'il y resterait sûrement jusqu'à la fin de ses jours, à cause d'un Etat à la con... L'affaire était réglée.
En attendant, il avait passé la majorité de sa vie ici, coincé entre ces quatre murs. Il s'était contenté d'attendre que quelqu'un daigne le sortir de là pour lui offrir une véritable vie, ce qui n'était bien évidemment jamais arrivé. Dans cette SPA, il était un chien à qui il manquait une patte, un chat atteint de sida, un cheval plus capable de tenir debout : en bref, ce dont personne ne voulait s'encombrer. Il s'était senti rebuté, rejeté, et il avait continué à sombrer. L'école ne lui avait jamais rien dit, se soumettre à un adulte étant loin d'être dans ses idéaux. Au final, il n'y était plus allé, et se retrouvait encore aujourd'hui à être incapable de lire ou d'écrire. Pourtant, on avait fait quelque effort pour lui. Jusqu'à l'envoyer chez le psychologue. Instable. C'est ce qu'on avait alors gravé sur sa tête. C'est ce qui avait scellé son dossier. C'est ce qui lui avait donné un peu plus envie de noircir sa misérable âme. Alors il avait volé, plus ou moins violemment, il avait un véritable don pour cela. Il s'était fait un peu d'argent en revendant les biens d’autrui, jusqu'à se faire prendre sans rien regretter. Puis il avait aussi fait la rencontre Markus, qui avait marqué sa peau de coups et instaurer en lui une rage sans saveur. Du moins jusqu'à ce qu'il se venge et le blesse suffisamment pour quitter enfin l'orphelinat et se retrouver en maison de correction, où il avait pu continuer à mener sa vie de débauche...
Au final, c'était peut-être pour Markus qu'il revenait ici. Combien de temps ? Ils s'étaient rencontrés il y a plus de 13ans. Ils s'étaient quittés pour se retrouver il y a d'ici un an pour mener un combat terminé en ex-aequo. Puis Markus avait gagné il y a trois mois contre lui. Et cela faisait désormais onze jours qu'il lui avait fait plus ou moins volontairement la peau, pour de bon. Fin de l'histoire.
Haussant les épaules, il traversa en longeant les murs le long couloir poussiéreux, posant un regard vide sur chacune des pièces qu'il croisait. Le réfectoire. La salle de bain. L'infirmerie. Le bureau de la directrice. Il s'arrêta devant, marquant une hésitation avant de se décider à y entrer, marchant sur la porte fracassée sur le sol. Ah, combien de fois s'était-il retrouvé devant cette pouffiasse... Jamais il n'avait pu lui témoigner ne serait-ce qu'un semblant de respect.
Il finit par pousser la porte au fond de la salle en brisant la serrure, pénétrant dans ce qui se trouvait être les archives. Des dossiers. Des tas de dossiers. Le tout soigneusement classés selon l'année d'arrivée, et accessoirement par ordre alphabétique même si ce n'était pas ça qui allait lui sauter aux yeux. D'ailleurs, en quelle année était-il arrivé ici ? Il venait d'avoir vingt ans, donc en 1992 si tout était normal et qu'il ne s'était pas échoué ici un an ou deux après sa naissance. De toute façon, il n'avait absolument aucun souvenir d'un visage qui aurait pu être celui de sa mère, ne serait-ce qu'un mince fragment, même si d'un autre côté les souvenirs ne commençait qu'à l'âge de cinq ans.
Il finit par ouvrir un tiroir aléatoirement, soulevant au passage un nuage de poussière. Il fit défiler habilement les dossiers, n'étudiant que les photos. Histoire de retrouver celui qui lui était attribué, et de détruire les dernières miettes de son vivant à l'Orphelinat...
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