Lewis V. Elster
Si Lewis ne parle jamais de son enfance, c'est parce qu'il en a honte.
Étant enfant, il aurait préféré naître dans une famille aimante, avec une mère qui aurait patiemment veillé à son chevet lorsqu'il serait malade, et un père qui aurait joué au basket en sa compagnie. Il aurait aimé. Tellement aimé. Dans sa tête, il se les fait des millions de fois, cette famille idéale. Chaque jour, des détails venait se rajouter à cette famille logeant dans son subconscient.
Finalement, il abandonna bien vite l'idée même d'être adopté.
S'ensuivit la maison de redressement, puis un peu de prison avant d'être engagé en tant que tueur à gage. Destruction de la centrale, catastrophe nucléaire qui le dota d'une formidable particularité. La rencontre avec
Elle qui bouleversa ses habitudes.
Et le voilà qui débarque.♦♣♥♠
Le commencement. La partie qu'il ne connait pas, et ne préfère pas connaître.
C'était une femme bien, on ne pouvait dire le contraire. Elle avait toujours témoigné de l'affection à sa mère comme à son père. Et pourtant, ce dernier ne se priva pas de la marier de force.
Pour ton bien, c'est un homme riche. Du bout de ses seize ans, elle allait désormais partager sa vie avec un homme d'une quarantaine bien passé, qui plus est étant son oncle.
Au fil que les années s'écoulait, son oncle et mari se lassa d'elle. Il ne la voulait plus, et commença à rapporter d'autres femmes en tant que maîtresse, les lui présentant bien. Elle baissant la tête devant ses dames, s'occupant de ses cinq enfants, plus les trois qu'il avait obtenus avec ses nombreuses conquêtes.
Puis elle aussi commença à avoir des aventures extra-conjugales. D'abord avec le majordome, jusqu'à ce qu'il le découvre. Il fut viré. Mais elle était déjà enceinte de lui. De son sixième enfant. A sa naissance, son tendre mari ne se fit pas prier : il noya la petite fille, faisant passer cet acte pour une mort subite du nourrisson. On ne chercha pas plus loin.
Et le richissime mari qu'il était perdit son argent en jeux divers et filles de luxe.
Avec presque une dizaine de bouche à nourrir, la femme fut obligée de vendre son corps pour une poignée de dollars à d'autres hommes, avec l'espoir d'y nourrir ses enfants et l'ivrogne qui leur servait de père.
C'est avec un de ses clients les plus réguliers qu'elle aboutie à une septième grossesse. Un homme de grande taille aux yeux d'un bleu électrisant. L'enfant était voué à une mort certaine. Pourtant, elle ne pouvait s'empêcher d'être heureuse.
Elle l'aimait déjà, tout comme elle aimait chacun de ses enfants. La femme amaigrie qu'elle était cacha tout à son détestable mari. Elle ne pouvait se permettre de perdre un autre enfant par sa faute, ça lui faisait bien trop de mal. Ne voulait le voir mourir, mais ne pouvant le garder près d'elle, elle se rendit à l'orphelinat le jour de sa naissance. Un soir d'hiver. Le 27eme jour de Février.
Autour du mince poignée de son jeune fils, elle y enroula son précieux collier. Une croix d'argent autour d'une fine chaine, où était gravé au dos son nom de jeune fille. Il lui avait été offert par son grand-père maternel. Désormais, elle l'offrait à son septième enfant. Son avant-dernier enfant.
Il porterait son nom.
Elster.♦♣♥♠
Une femme costaud à la peau métissé et aux longs cheveux noirs le recueillie à l'orphelinat. Elle fixa un court instant le frêle garçon, puis le conduisit dans la nurserie. Trop d'enfants se retrouvaient ici. Elle, elle s'occupait des enfants en bas âge. Elle s'occupait d'eux du mieux qu'elle le pouvait, mais beaucoup d'enfants était à sa charge : souvent, ce n'était que le strict minimum, avec un peu d'affection en prime. Elle remarqua la croix à son poignet.
« Je te la donnerais plus tard, mon petit, quand je serais sûr que tu ne l'avaleras pas. »
Elle la retourna, détaillant de plus près le bijou. Un nom y était inscrit : il s'agira donc du sien, elle n'irait pas chercher plus loin. Pour ce qui en étant du prénom... Le dernier garçon admis avait eu un prénom en K. Il aura donc un prénom en L.
« Lewis. Lewis Elster. Ça sonne bien. »
♦♣♥♠
A cinq ans, Lewis apprit le terme d'adoption.
Si tu te comportes bien, si tu es gentil une gentille famille viendra te chercher, Lewis. Une gentille famille, il en voulait une ! Alors si se taisait, un petit sourire toujours flanqué sur son fin visage et ses grands yeux bleus grand ouvert. Il attendait sagement cette gentille famille. Celle avec une maman qui chasse les monstres. Celle avec un papa fort et courageux. Celle avec une belle maison et un chien.
Mais personne ne vint. Personne ne l'adopta, lui comme bien d'autres enfants.
Mensonge.Les dames lui avait menti.
Il refusa alors d'aller à l'école. Et lorsqu'on l'y trainait de force, il n'écoutait rien, se montrant parfois agressif. Malgré cela, il restait d'une nature calme, sociale avec les autres enfants.
Sur son dossier, on le qualifia d'instable.Il devenait un peu plus sombre de jour en jour. Alors, pour tenter de remédier à cela, on le plaça avec d'autres enfants. Des enfants un peu plus âgé que lui.
Et l'Enfer commença alors. Il s'appelait Markus.♦♣♥♠
Entre Lewis et Markus, le courant passa tout de suite mal.
Lewis était plus petit, et bien plus mince. Markus était un garçon d'un très fort tempérament, costaud, aux cheveux bruns et aux yeux presque noir. Constamment, il prenait rapidement le dessus sur lui. Ils étaient violents dans leurs gestes, brusques dans leurs dires.
Lewis, bien que plus arrogant dans ses paroles, ne pouvait lutter physiquement. Plus le temps défilait, puis il ressortait couvert de coups et de plaies. Chaque jour, Markus l'humiliait dans le dos des adultes. Il était devenu son souffre-douleur personnel. Il se retrouvait à l'écart, considéré toujours comme
le perdant.
La haine. La rancœur. Des choses qui se répandaient en lui comme du poison dans un verre d'eau. Au final, même les coups ne lui faisaient plus rien.
Le petit Lewis se laissait faire, sans broncher. Il continuait à sourire. Mais d'une autre façon.
Il ressemblait plus à un Chesire.Que pouvait donc t-il faire face à lui ? L'insulter ne suffisait pas. Cela n'avait jamais suffi. Mais il en avait marre. Il ne voulait plus avoir mal.
En longeant les couloirs pour descendre vers le rez-de-chaussé, Lewis se retrouva derrière Markus. Il ne l'avait pas vu. Il là, sans se soucier de qui pouvait se trouver dans son dos. Il ne lui fallut pas plus de temps pour passer à l'acte. Lewis se jeta en avant, le culbutant en y mettant tout son poids dans les escaliers. Son mortel ennemi bascula en avant, retenant un hoquet de surprise. Sa tête claqua avec violence contre le lino sale de l'orphelinat. Un fin filet de sang perlait de sa bouche : avec le choc, il s'était coupé le bout de la langue. Mais ça, Lewis ne le savait pas. Son cœur battait plus vite que d'habitude. Il avait... peur. Avoir agis sur le vif, sans prendre la peine de réfléchir à la conséquence de son acte... Et si... Et s'il l'avait tué ?! Il émit un couinement, puis se retourna brusquement pour prendre la fuite. Mais il rentra de plein fouet en contact avec un membre du personnel, qui le dévisageait cruellement.
« Pas... Pas moi ! »
Mauvais garçon.Du haut de ses dix ans, il se faisait passer pour un Monstre. Malgré les cicatrices sur son corps et ses arguments, les paroles du personnel le condamnèrent.
Je l'ai bien vu, de mes propres yeux ! Il l'a poussé avec force et violence dans les escaliers ! Le pauvre n'a rien pu faire et c'est douloureusement écroulé...Lewis quitta l'Orphelinat, allant tout droit dans une maison de correction.
Ça ne servait à rien. Chaque jour, il changeait ses facettes. Il devenait plus mauvais. Il se rapprochait de l'être exécrable qu'il est désormais. On tentait de le résonner, mais il avait décidé autre chose. Plusieurs fois, il prit la fuite. Parfois durant cinq minutes, le temps de recevoir une décharge électrique provenant d'un gardien avant de rentrer de force. Parfois plus longtemps, allant gentiment voler, en toute discrétion, dans certains magasins de la ville, en compagnie d'un autre garçon de son âge avec qui il s'entendait plus ou moins bien.
Alors qu'il tentait de voler le contenu d'une caisse dans une supérette, il fut arrêté. Étant âgé de seize ans, on décida de le renvoyer de la maison de correction, qui de toute façon ne pouvait le reprendre.
Il fut jugé pour
vol à main armé et envoyé à la prison situé non loin.
♦♣♥♠
Mine de rien, la prison fut un moment très enrichissant. Le détenu avec lequel il partageait sa petite cellule lui fit partager sa culture, lui permettant de s'enrichir un peu.
C'était un homme d'une trentaine d'années, qui avait été condamné pour l'assassina de son beau-frère lorsqu'il avait sèchement largué sa sœur. Il possédait des cheveux blonds lui tombant presque aux épaules, et des yeux rougeoyants. Ses bras musclés étaient maculés de tatouages en tout genre.
Il lui apprit des notions de survies digne de l'armée, des mathématiques complexes, des formules de physiques avancés. La littérature n'étant... pas vraiment son fort, il laissa de côté tout ceci pour s'attarder sur des choses plus scientifiques. Finalement, Lewis y gagna une vive intelligence.
La loi du plus fort lui forgea des compétences athlétiques. Certes, au départ il en ressortie avec des plaies, passa quelques jours à l'infirmerie, mais il finit par arriver à s'en sortir. Son compagnon de cellule lui enseigna quelques notions de combats, ce qu'il avait apprit à l'armée avant de commettre son meurtre. Taillé pour la vitesse et l'agilité, ces techniques compensaient le léger manque de force face aux autres.
Lorsque la direction lui annonça qu'il serait relâché le lendemain, il en aurait presque été déçu de quitter cet environnement.
« L'orphelinat ne t'a donné qu'un prénom ? »
Son partenaire de cellule le dévisageait, comme s'il recherchait une réponse sur son visage.
« Oui. »
Toujours aussi bavard. Il s'approcha de lui, le baptisant d'un deuxième prénom.
« Si ça te conviens, garde-le. En souvenir de ma personne, hein ? »
Et il le garda, pour le respect éprouvé envers lui.
A dix-sept ans et demi, il quitta la prison en liberté conditionnelle. Il en ressortit grandit.
♦♣♥♠
Il jeta un vif regard à gauche, puis à droite, et traversa la ruelle d'un pas rapide. Il s'en sortait plutôt... bien, vivant dans une illégalité des plus totale. Il volait des armes, les revendaient ensuite, ou braquait quelques petits commerces isolés. Il prenait un soin fou à ne pas se refaire coffrer, ne laissant aucune trace de son passage derrière lui. Enfin, le moins possible.
Il portait sous son manteau une bourse d'environ deux cents dollars, tout juste récupéré chez une vieille commerçante. Il n'avait aucun remord, aucune pitié. Un fin sourire flanqué sur le bout des lèvres, il releva la tête vers les immeubles. Bien. Il n'était plus très loin.
« Eh, toi ! »
Une femme se tenait non loin de lui, dans son dos. Il se crispa, se mordant la lèvre inférieure. Merde. C'était à lui qu'elle parlait ?! Un bref regard dans les alentours lui indiqua qu'il n'y avait personne d'autre.
« Quoi ?! »
Avait-elle quelque chose à voir avec le commerce récemment braqué ? Soit. Il l'abattrait si elle venait à se mettre en travers de son chemin.
« Tu me parais doué pour ton âge, gamin... »
Lewis plissa les yeux, regardant droit devant lui. Doué... pour voler ? Il ne comprenait pas vraiment. Et puis, il avait horreur qu'on l'appelle
gamin. Elle s'approcha de lui, attrapa sa main et le tira vers elle. Humf. Il n'aimait pas la savoir trop près de lui.
« Si tu es tant attiré par l'argent, ça devrait te plaire... »
« … Très bien. »
Elle l'emmena plus loin d'un pas souple. Il se laissa faire, attirer par ce qu'elle venait de dire. S'il voulait continuer à se procurer sa dose tout en vivant convenablement, avec des dollars plein les poches, il se devait de trouver des emplois intéressants. Le vol et le trafic d'armes en faisaient parti. Ils montèrent trois étages d'un immeuble désinfecté depuis longtemps, puis elle poussa une porte de fer rouillé, débouchant dans une petite salle obscure. Seule une lampe de bureau offrait un peu de lumière à l'endroit. Il y avait quatre personnes présentes, d'on l'une assisse sur une vieille chaise de bureau. Les autres étaient adossés au mur, fumant quelques cigarettes. La mafia ? Lewis fronça les sourcils. Bah. Il ne perdait rien.
« Nous t'avons un peu étudié. T'as le statut pour. Pas de famille connue. Un peu de prison. Un physique adéquat et assez d'intelligence pour t'en sortir indemne. Ça te dirait de... nettoyer un peu ? »
Ainsi devint-il un tueur à gage pour une organisation externe à tout groupe, avant de se mettre à son propre compte. Il se fit une fortune considérable en abattant quelques gêneurs, qu'importe la méthode utilisée. La plupart du temps, il les tuait dans leur dos, d'un coup dans la tête. Il s'appliquait, prenait son temps.
Il ne rata aucun de ses coups.♦♣♥♠
« ... »
Lewis rejeta sa tête en arrière, fixant le ciel grisâtre. Autour de lui, le monde semblait brusquement s'agiter. Des gens se bousculaient, se renversaient puis s'écrasaient. Certains allaient s'enfuir dans le métro déjà bondés, d'autres dans des immeubles. Un message d'alerte qui crée un chaos monstre. Il fit volte-face, puis s'élança vers un immeuble. Son immeuble. Il gravit quelques étages, presque poussé par l'adrénaline. Il rentra dans un appartement, bouclant la porte derrière lui.
Se cloitrer chez lui. C'est tout ce qu'il pouvait faire.Il se cala sous la fenêtre, poussant un court sifflement.
Il avait peur. Dehors, il n'y avait plus aucun bruit, si ce n'était les sirènes d'alerte qui hurlaient toujours. Aucun oiseaux. Aucun êtres-vivants ne semblait être présent.
S'ensuivit une phénoménale explosion. Tout son corps sembla s'embraser, le clouant lamentablement au sol. Il perdit presque immédiatement connaissance.
La centrale avait cédé. Tout était terminé. Il était mort.
Enfin peut-être. Finalement, il n'en savait rien...♦♣♥♠
Si... Si froid ?Lewis ouvrit lentement les yeux, fixant le plafond fissuré. Il éprouvait quelques difficultés à respirer, sans parler des douleurs qui inondaient son corps meurtri. Il se sentait mal, comme le lendemain d'une fête un peu trop arrosée. Oh, il n'avait pas trop bu au moins ?! Non. C'était... autre chose.
Après quelques minutes à se trainer sur le plancher, ses idées redevinrent claires.
La centrale. Avait. Explosée. BOUM. Puis, plus rien, le noir.
Mais alors, pourquoi était-il vivant -LUI ?- ?! Et ce froid. Et ce mal de crâne...
Après une heure à rester étendu par terre, les yeux mi-clos, la température sembla remonter de quelques degrés. Ses membres, un à un, se dégourdirent. Il se sentait déjà mieux, malgré la migraine qui le menaçait toujours. Avec quelques difficultés, il se leva, tituba un instant en prenant appui sur les meubles jusqu'à la porte d'entrée. Une à une, il descendit les marches, jusqu'à sortir en dehors de l'immeuble.
L'air était brulant, et le soleil semblait se morfondre au-dessus de lui. Quelques personnes, l'air perdu, passaient devant lui, lui jetant parfois quelques regards inquiets. C'était impossible.
Il y avait des survivants. Et il en faisait partit.
D'Humain il était passé Malvienn.♦♣♥♠
Petit à petit, il avait prit l'habitude du
don. C'était vraiment utile. Lui, comme tous les autres survivants, était devenu un homme d'une race supérieure. Un homme doté d'une particularité des plus utiles. Le seul bémol dans cette histoire était l'installation d'un dôme par l'État. Ils étaient tous coincés ici, à pourrir dans la radioactivité.
Avaient-ils peur d'humains possédant des pouvoirs, des humains leur étant supérieur ?Tout ce qui sortait de l'ordinaire devait être effacé.
Le clou qui dépasse est-celui qui attire la tête du marteau.Lewis s'adapta vite à cette nouvelle vie. Il le fallait bien, non ? Un pouvoir à maîtriser en plus, ajoutant un peu de piment à ses actions. Il se lança dans un pseudo-système de banque, puis continua à amasser quelques contrats de meurtres.
Tout allait pour le mieux. Il n'en avait pas à se plaindre.
Et puis il y eut
Elle.
Celle qui renversa ses habitudes. Qui bouleversa la vie qu'il menait.
Qui perça sa carapace qui lui semblait pourtant indestructible.♦♣♥♠
Lorsqu'une fine main tira légèrement sur sa manche, il se stoppa net et baissa les yeux.
" Tu ne trouves pas que tout est artificiel ? "
Lewis se retourna lentement, fixant de ses yeux bleus électriques la fille qui venait de parler. Que voulait-elle dire par cela ? Le fait de vivre désormais enfermé dans un dôme, d'avoir survécu mystérieusement à une explosion nucléaire, de se retrouver avec un don étrange ? Elle fit un pas en avant, tête baissée, se collant presque à lui.
" Que c'est-il passé ? "
Lewis la contempla longuement, avant de lui répondre.
" La centrale a explosé. "
Elle écarquilla les yeux, comme choqué, ne les relevant cependant vers lui, comme si elle avait peur de croiser son regard. Était-elle vraiment de ce monde pour ne pas être au courant de cela ? Elle se sera contre lui. Il pouvait sentir son cœur qui battait un peu trop vite. Elle avait peur ? Lorsqu'il voulu la repousser pour instaurer une distance un peu plus raisonnable entre eux, elle reprit la parole.
" Je suis perdue... Aide-moi, s'il te plait Lewis... "
Comment... Comment savait-elle son prénom ?! Il pencha la tête sur le côté, la dévisageant un peu plus. De longs cheveux blonds presque blancs, qui lui tombait harmonieusement dans le dos. Une peau laiteuse, sans aucune impureté, et des traits fins et féminins. Elle était... belle, il devait bien l'avouer.
Elle sortie de sa poche un papier, le lui tendant innocemment.
Treize... Et merde.« Tu ne sais pas lire ? »
« ... Non. »
Maintenant, qu'elle aille voir ailleurs.
« Je peux t'apprendre si tu veux. »
« Ça ira. »
Il haussa les épaules. Elle devenait vraiment collante.
Vas t-en... Elle passa d'une jambe à l'autre, ne voulant s'éloigner de lui. Elle jetait parfois de petit regard vif en arrière, avant de reporter de suite son regard sur lui.
" Aide-moi... "
Sa voix se brisa. Elle était perturbée par quelque chose. Son attitude trahissait cette angoisse. Il aurait très bien pu partir, faire comme d'habitude et l'ignorer. Et pourtant... Pourtant quelque chose en lui l'en empêcha. Elle mit sa main dans la sienne, comme si elle avait comprit. Elle lui souffla l'adresse. Dans la Skyline. Ce n'était pas si loin. Mais, elle qui connaissait son nom, ne pouvait-elle pas se rendre seule dans une rue de NightField ? A moins que...
Devant lui, à une centaine de mètres, une silhouette familière se dessina. Une boule se forma dans sa gorge, comme lorsqu'il était gamin.
« Aaaah ?! Lewis. Ça fait longtemps, hein. »
« Markus. »
Il avait lâché son nom d'une voix amer, avant de déglutir avec difficulté. Un rire sec le secoua. Il était nerveux à l'idée de devoir de nouveau lui faire face.
C'est qu'il avait développé sa masse musculaire. Mais Lewis était finalement devenu plus grand que lui. Markus chargea, lui décochant un coup sec dans le cou. Il en eut la respiration coupée, chancelant en arrière. Lewis porta sa main à son cou, sentant la plaie sous ses doigts. Mauvais. Il n'allait pas tenir longtemps à cette allure. Lorsque Markus fondit de nouveau sur lui, il se jeta sur le côté, lui décochant un crochet dans les côtes. Dans un saut agile, il instaura un bon mètre entre eux deux.
Qui portera la prochaine attaque ?Il croisa le sombre regard de son ennemi.
Bleu électrique contre Brun sanguinaire.Si
Elle lui avait demandé de l'aide, c'était pour l'escorter et la protéger contre cette Bête.
Il fit un pas en avant, concentrant sa force dans un point. Il fixait Markus, une lueur de rage au fond du regard. Quelque chose se déclencha en lui, sans qu'il n'en ait vraiment conscience.
Sa vue se brouilla, il tomba à genoux. Un goût de sang remontait dans sa gorge, jusqu'à ce qu'il le voit couler devant lui. Il toussa, cracha, recherchant désespérément un peu d'air. Puis il s'effondra sur le bitume.
Noir complet.♦♣♥♠
Elle, installée sur une chaise en face de lui, le fixait. Des yeux argentés, portant des traces d'un vert tirant sur le jaune. Il les trouvait magnifiques.
« Je suis... soulagée de te voir vivant, Lewis. »
Elle haussa les épaules, puis lui rapporta un verre d'eau. Il ne pouvait détacher son regard de sa gracieuse silhouette.
« Comment sais-tu mon nom ? »
Elle lui esquissa un doux sourire, lui répondant à voix basse tout en réajustant les plis de sa courte jupe.
" Parce que je sais tout. "
Lewis battit un instant des paupières. Tout ? Vraiment tout ? Il déglutit, détournant le regard vers la fenêtre. Elle devait donc être au courant de tous ses faits et gestes. Il ne pouvait lui cacher l'Erreur Humaine qu'il était.
« Markus est... »
« … Partit. »
Silence. Elle ne lui dirait pas s'il était ou non encore vivant. Après quelques instants sans aucune parole, il continua la conversation.
« Tu t'appelles comment ? »
A son tour,
Elle regarda ailleurs.
« Je l'ai... Je l'ai oublié. »
Ah. Voilà qui était fort pratique, elle ne se souvenait plus de son propre prénom. Fermant les yeux, il la baptisa du premier nom féminin qui lui était venu à l'esprit. En attendant qu'
Elle retrouve la mémoire pour se souvenir du sien, il la nommerait ainsi.
Enfin. Pour le moment qu'
Elle passera à ses côtés. Car après tout, il n'était pas dupe : elle était bien trop pure pour rester près du monstre qu'il était.
Et pourtant.Plus les jours passaient, plus il s'attachait à elle. Il appréciait sa compagnie. Il éprouvait... même un peu plus pour
Elle.« Tu devrais partir. »
Il ne devait se faire d'illusion.
Elle s'arrêta de cuisiner -ce qui lui changeait des surgelés et plats préparés qu'il mangeait constamment- et se retourna vers lui, plongeant ses yeux dans les siens.
« Lewis tu... es sûr de le vouloir ? »
Il avait presque pu déceler de la peine de sa voix.
Elle fit quelques pas en avant, les mains jointes. Elle n'osait lever les yeux vers lui.
« … Parce que j'aimerais rester avec toi. »
Car au final,
Elle aussi.
Elle l'aimait.
Autant rester ensemble alors, non ? Affrontons côte à côte les dures lois de NightField.♦♣♥♠