Sparkling. | feat. Lewis

Messages : 340 Date d'inscription : 30/12/2010 Age : 30 Pseudo : Ninetales

- C'était une fraîche journée qui se terminait sur Nightfield.
  
  Assise à la table de la cuisine d'Aaron, Heather nettoyait son pistolet. Le beretta avait besoin d'un petit nettoyage, aussi la jeune fille s'affairait-elle avec un chiffon. Le soleil couchant filtrait à travers la baie vitrée réparée, illuminant la pièce propre de teintes sanglantes et menaçantes. Perdue dans ses pensées, la mafieuse sursauta lorsque son téléphone, posé à une trentaine de centimètre, sonna brusquement. Attrapant d'un geste vif l'appareil noir, elle haussa les sourcils en lisant l'appelant. Aaron. Un peu surprise, elle décrocha et colla l'appareil à son oreille.
  
  "Allô ?"
  
  Pan.
  Un coup de feu lui déchira le tympan, et elle éloigna le combiné de son oreille avant de réagir avec effroi. Le portable d'Aaron. Un pistolet. S'il y avait le portable d'Aaron, il y avait Aaron. S'il y avait un pistolet, alors quelqu'un d'armé était proche d'Aaron. CQFD. Une conversation rapide s'ensuivit dans une langue qu'Heather ne comprenait pas et qui était emplie de "r" roulés. Puis, des cris, et ce fut le silence. paralysée sur sa chaise, l'américaine osait à peine parler.
  
  "A...llô ?
  - La...décharge...
  - Aaron ? Ca va ?
  - Au secours..."
  
  Et la communication fut coupée.
  Un silence de mort tomba, puis Heather réagit brusquement, comme si on lui avait envoyé un électrochoc. Elle mit le portable dans sa poche, remonta son arme à toute vitesse dans un claquement et saisit ses clés de voiture à l'arraché. Elle claqua la porte derrière elle, et dévala les escaliers de la skyline. Elle retrouva sa BMW garée devant l'entrée, et bondit dedans comme si sa vie en dépendait. Elle mit le contact et démarra ; elle passa la première et démarra en tenant son volant d'une main, la ceinture entre les dents.
  
  Elle ne finit de s'attacher qu'une fois sur le périphérique de Nightfield, où l'aiguille de son compteur de vitesse grimpa dangereusement. Inquiète, elle avait l'impression que la sortie pour la décharge n'arriverait jamais. Aaron. Il l'avait appelée à l'aide. Que s'était-il donc passé ? Qui avait pu l'attaquer ? Un type pacifiste et cool comme lui, qui n'avait aucun rapport de près ou de loin avec des activités louches...rageant, elle accéléra encore.
  
  Elle atteignit rapidement la sortie n°8 et s'engagea jusqu'à la décharge, où un attroupement de SDF attira son attention. Elle sortit de la voiture, la boule au ventre, et se dirigea vers les badauds qui riaient en lançant des absurdités. Heather sortit Ethan et tira un coup en l'air, dispersant ainsi la foule des curieux....et son coeur rata un battement. Le monde sembla vaciller dangereusement autour d'elle, comme si elle faisait à nouveau une crise d'hypoglycémie.
  
  Elle ne savait même pas si elle avait crié ou pas.
  
  La mafieuse courut vers la forme étendue au sol dans une mare de sang, dans un silence de cauchemar. Elle trébucha un peu, se releva, et se laissa tomber dans l'hémoglobine sans prendre garde à ses vêtements. Ses yeux de glace croisèrent le regard d'Aaron, et ses oreilles entendirent à nouveau, comme si une glace avait été brisée. Il était gravement blessé à l'oeil gauche, au thorax, et à côté du nombril. Un filet de sang s'écoulait d'entre ses lèvres, et Heather lui caressa la joue, cherchant l'étincelle dans les yeux bleus. Ils étaient désespérément vides.
  
  "Aaron...que s'est-il passé...?
  -Tu as des ennemis...et je paie...pour toi..."
  
  La voix était rauque et faible, et une lueur de détresse scintilla dans les yeux de glace d'Heather. Règlement de compte. Quelqu'un lui en voulait, et avait eu la lâcheté de se venger sur Aaron. Des émotions contradictoires se bousculaient en elle, lui faisant perdre ses moyens. Son petit-ami se vidait de son sang, et pourtant elle était incapable de réagir.
  
  "Arrête...de pleurer."
  
  Un doux murmure, et Aaron s'évanouit un sourire forcé aux lèvres.
  Alors, essuyant les larmes qui avaient surgi sans qu'elle ne le réalise, elle croisa ses mains et tenta d'éponger l'hémorragie là où elle semblait la plus terrible, à savoir au niveau du ventre. Elle ne pouvait pas prendre le risque de le bouger, il se viderait encore plus vite.
  
  Et elle était là, impuissante, attendant un miracle sous les yeux des SDF et des corbeaux.
  
  Joyeux tableau.

JackPot Lewis.

aucun

Et de toute façon, elle n'avait peut-être même pas soupçonné sa brève présence, ce qui serait tant mieux.

Mais merde, non.
Et bordel, que si.

Messages : 340 Date d'inscription : 30/12/2010 Age : 30 Pseudo : Ninetales

- Elle avait la tête qui tournait.
  
  Au milieu de la décharge silencieuse, ses mains trempées de sang séché, Heather sentait le sang battre à ses tempes et le battement de son coeur lui semblait chaque instant plus douloureux. Elle sortait toutes les quinze secondes d'un mutisme paralysant, réalisait que la pression qu'elle exerçait sur le flanc de son compagnon était presque inutile, puis prenait le pouls de ce dernier en paniquant un peu et appuyait à nouveau quand elle sentait les vibrations régulières de son coeur.
  
  La jeune femme était là, désemparée, ses longs cheveux noirs et fins tombant en mèches légères sur ses épaules minces. Son visage pâle était marqué de sillons plus foncés laissés par ses larmes, ses mains croisées tremblant sous l'effet d'un froid qui n'avait rien à voir avec la saison. Assise sur les talons, légèrement affaissée, sa silhouette gracieuse laissant voir une femme derrière son chagrin, on aurait pu prendre une photo et la superposer à celle d'un évènement bien plus ancien.
  
  Elle avait la même pose, la même expression.
  On ne change jamais vraiment.
  Plusieurs années auparavant, elle était auprès de Fabio.
  
  Et elle avait la même pose, la même expression.
  Le même sentiment d'impuissance.
  
  Etait-ce le destin ? Heather se le demandait parfois. Etait-ce le sort de tous ceux qui s'attachaient à elle ? Devaient-ils tous mourir ou disparaître d'une façon douloureuse et subite ? Devaient-ils tous céder aux dérives d'une mort capricieuse et injuste ? Devait-elle être la cause de leur mort ? Elle n'avait jamais voulu de mal à Fabio. Pas plus qu'à Aaron. Et pourtant, lorsque la Centrale avait explosé, c'était bien son mentor qu'elle avait emporté. Et actuellement, c'était bien Aaron, qui gisait sur le sol dans une flaque sombre, victime d'une conspiration insidieuse qu'il n'avait jamais provoquée.
  
  Un bruit.
  
  Heather réagit à ce stimulus inhabituel, qui indiquait ou un humain, ou un très gros animal. Elle tourna la tête, et sentit le souffle lui manquer lorsqu'elle reconnut Lewis. Pas lui. Pas maintenant. Les quelques larmes qui s'étaient taries commencèrent à lui remonter aux yeux tandis qu'un désespoir glacial envahissait ses veines. Ezio lui avait raconté lorsqu'elle avait été blessée, qu'il n'avait accepté de la soigner qu'avec un odieux chantage. Allait-il faire la même chose aujourd'hui ? C'était fort probable. Il n'était qu'un salopard fini. Il allait ricaner, lui dire de lui filer Ethan e échange de la vie de son précieux compagnon. Ou alors chercher un accord qui lui importerait un indéniable avantage.
  
  Elle se leva, sans savoir exactement ce qui l'avait poussée à lâcher son garrot manuel. Elle attrapa Ethan fermement, et se planta entre le drogué aux cheveux blancs et Aaron. Elle pointa le canon du beretta sur celui qu'elle considérait comme un ennemi, le vent sifflant dans ses cheveux comme un murmure moqueur et irrespectueux. Etait-ce de la colère, de la peur, ou un fol espoir qui la gardait debout ? Etait-ce de la haine contre ce vautour aux yeux électriques, de la crainte pour ses actes, ou l'espérance d'une bonne action ? Aucune larme ne coulait sur ses joues, et pourtant son coeur était lourd. Elle avait une attitude menaçante, et était pourtant celle qui sombrerait dans la folie si elle perdait son compagnon maintenant.
  
  Elle raffermit la prise sur son arme.
  
  Heather avait remarqué, récemment, qu'elle avait changé. Elle n'était plus la mafieuse froide et insensible qui s'efforçait de garder le moins de contacts possibles pour ne plus souffrir. Elle s'était ouverte, avait brisé petit à petit certaines parties de sa carapace, s'était petit à petit sociabilisée, prenant le risque d'avoir mal à nouveau. Alors même si elle n'était plus une petite idiote égocentrique, même si elle n'était plus une anonyme et qu'elle en tirait une grande fierté, elle continuerait de pointer son arme sur Lewis, qui approchait toujours.
  
  A cet instant, elle ne se dressait pas en tant qu'attaquante.
  Elle n'avait qu'un seul rôle à jouer, une seule action à mener à bien.
  Pour une fois, elle ne lèverait pas son arme pour tuer.
  
  Acet instant, elle levait son arme pour protéger.

Heather.

Comme si j'allais me stopper ici juste parce que tu me pointes de ton arme.

" Elle ne te servira à rien. "

Parce que je ne compte pas tuer ton compagnon, loin de là.

Car s'il y a bien une chose qu'il ne supportait pas, c'était bien ça.

" Corde, fil fin, vieux lacets, ficelle, cherche et trouve. "

Parce que s'en est un.

Bouge ton cul si tu veux le sauver, et vite de préférence.

Messages : 340 Date d'inscription : 30/12/2010 Age : 30 Pseudo : Ninetales

- Imprévisible.
  
  C'était, d'après Heather, l'adjectif qui convenait le mieux à Lewis après salopard, opportuniste et drogué. Il la vit pointer son arme, et s'arrêta un instant. Il baissa la tête un instant, mais la mafieuse le vit esquisser un sourire sous sa tignasse immaculée. Puis il leva son regard sur elle, ses yeux électriques scintillant d'une lueur arrogante et moqueuse. Il reprit sa marche d'une démarche souple que la jeune fille ne lui connaissait pas, et une fois arrivé à sa hauteur...il posa sa main sur l'arme, exerçant une légère pression, comme pour obliger la demoiselle aux cheveux éparpillés à baisser son beretta. Elle leva sans comprendre ses yeux d'un bleu très clair, et elle le vit pencher la tête sur le côté, une lueur étrange dans ses iris azur.
  
  " Elle ne te servira à rien. "
  
  Il soupira en haussant les épaules et s'approcha d'Aaron, toujours étendu à terre. Surprise, Heather baissa son arme et croisa le regard de Lewis, soudain un peu plus sérieux. Sa voix claqua comme un fouet dans l'air froid de fin d'automne.
  
  " Corde, fil fin, vieux lacets, ficelle, cherche et trouve. "
  
  Heather eut juste le temps de voir un éclat argenté sortir de sous le manteau de Lewis, puis elle rangea son arme et rejoignit sa voiture en courant. Elle sentait ses pieds souffrir à force de courir en talons au milieu de déchets qui rendaient le sol plus que dénivelé, et pourtant elle s'en fichait. Elle atteignit la BMW, ouvrit la portière passager et se lança dans une fouille assidue de la boîte à gants. Finalement, au bout d'une trentaine de secondes, elle retrouva ce qu'elle cherchait : une petite mallette blanche abîmée avec une fermeture à clapet.
  
  Plusieurs années auparavant, Fabio l'avait engueulée en lui demandant pourquoi elle s'acharnait à remplir sa voiture de trucs inutiles. Pourtant, ce n'était pas inutile. Cette mallette, c'était la pharmacie de secours, et elle avait déjà prouvé maintes fois son utilité. Compresses, désinfectant, comprimés d'hydroxocobalamine -un antidote au cyanure d'hydrogène-, fil, aiguille, scalpel, crème contre les bleus, doliprane, et bien plus encore. Mais pour le moment, ce qui était utile était le fil chirurgical, aussi saisit-elle la bobine et retourna-t-elle auprès de Lewis.
  
  Vues de loin, les blessures d'Aaron semblaient encore plus abominables. Pourtant, Heather en avait vu, des plaies. Mais quand ça concernait quelqu'un de proche d'elle, c'était...différent. Elle tendit la bobine de fil fin à Lewis sans dire un mot, ses lèvres ne laissant échapper qu'un peu de buée. Et elle observa, mémorisant silencieusement les moindres gestes effectués.
  
  Pour tenter de pallier à ce sentiment d'inutilité croissante qui l'envahissait.

Encore mieux.

Oh et puis merde, autant tenter le coup non ?

scalpel

Tout ceci le dégoutait presque.

C'est qu'on vous apprend des trucs en prison, comme la couture par exemple.

Bon... ça devrait tenir... Normalement.

En gros, il lui avait donné une pochette de son sang, ce que l'on prenait d'ordinaire lors des dons de sang.

" Emmène le à l’hôpital. "

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