« Fucking Cat !

Come back ! »

.

Jack était pourtant tranquille dans sa piaule, mais nan. Fallait absolument que quelqu'un, en l’occurrence quelque chose, vienne l'emmerder. Ben ouai quoi. C'était trop calme. Alors que notre très cher ami était en train de lire dans son lit (Candide. C'est très bien Candide, d'abord.), un chat était arrivé dans la pièce par la fenêtre... Et avait attrapé une chaussure. Il lui avait piqué sa chaussure. Sa proie dans sa gueule, le petit chaton noir avait jeté un regard railleur au propriétaire avant de s'enfuir par la fenêtre.

Ce petit salopard lui avait piqué sa chaussure. (La droite, en plus.)

Jack hésita un quart de seconde, il n'avait absolument pas envie de se lever, il était encore assez tôt pour un oiseau de nuit de cette race là, et courir après un chaton n'était pas son passe temps favori. Mais ce quart de seconde d'hésitation laissa place à une forte envie de se bouger un peu pour ne pas finir par ressembler à une larve. Adieu lit, chaussons, Candide. Le livre vola sur le futon, perdant lamentablement la page (mon dieu, quel malheur), et Jack ne prit que le temps d'attraper son sac contenant diverses choses ainsi qu'une de ses armes (un joli Beretta, en quelques secondes on n'a pas le temps de faire dans le subtil, et une seule arme suffirait, tout du moins il l'espérait. Non, il n'avait aucune envie de tirer sur le chat, bande de saligots, mais votre mère ne vous a jamais dit d'être prudent ?). Il regarda autour de lui une seule seconde, le ciel perpétuellement couvert de nuages gris, mais ne prit pas son blouson. Le temps se découvrirait peut être, mais il doutait qu'il se mettrait à pleuvoir. Ah ah. L'épouvantail à la peau d'albâtre et aux yeux carmins grimpa sur le rebord de la fenêtre et regarda le chat, sur le toit quelques mètres, non dizaines de centimètres plus haut. Ce dernier miaula, reprit la chaussure qui gisait à ses pattes, et s'enfuit.

Jack ne parlait pas beaucoup, mais là, s'il avait dit ses pensées, quelques nonnes seraient tombées raides mortes. Mais les nonnes étaient, de toute façon, très peu nombreuses à cette époque, et à cet endroit toutes mortes déjà. Alors rien n'empêcha notre jeune ami de s’agripper au rebord du toit, les pattes pédalant dans le vide à quelques dizaines de mètres du sol, ni de se hisser à la force des bras sur ledit toit. Le chaton, joueur, l'attendait quelques mètres plus loin. Hou, la sale bête. Jack plissa les yeux, ne laissant que deux fentes pleines d'une promesse de mort pour l'emmerdeur. Il se jeta en avant d'un bond, mais loupe de quelques millimètres la fourrure soyeuse de l'animal. Ce dernier avait filé sans attendre son reste. Mais Jack était rapide, très rapide même pour un gosse de son âge, et ses longes jambes étaient un atout. Il se releva et se lança à la poursuite de l'animal, traversant en quelques secondes les toits adjacents. A un moment, un des immeubles s'était à moitié effondré, donnant un passage assez dangereux et inégal. L'animal se jeta sur les blocs de pierre entre lesquels il devait faire des bonds de géant, alors que Jack passait de l'un à l'autre d'un grand pas. C'était assez inégal, donc lorsqu'ils arrivèrent à l'immeuble d'après, à peu près droit, le chaton s'arrêta quelques secondes... Le temps qu'il fallut à Jack pour bondir, attraper l'animal, faire une roulade, et... Se ramasser une décharge électrique dans la gueule.

Il lâcha l'animal qui se réfugia plus loin, crachant et faisant le gros dos, le poil électrique.

« ... Connard. »

Un ton plat, un peu agressif tout de même mas à peine, comme une constatation. Jack eut un frisson, son corps gorgé d'électricité, un peu à la ramasse. Il passa ses doigts dans ses cheveux, releva la tête. La bestiole avait disparu. Jack soupira, la chaussure avait elle aussi foutu le camp. Enfin, à ce stade, inutile de rentrer. Il sortit son Ipod de son sac (il était intact : Jack avait parfois des coups de folie dans son monde apathique et faisait en sorte de toujours tout bien caler à l'intérieur), et plaça les écouteurs sur ses oreilles avant de mettre ses mains dans les poches et de commencer à marcher, peinard, sur le toit. Tranquille quoi, wesh.

Au bout de quelques minutes, après avoir grimpé sur plusieurs immeubles (qu'est-ce que c'est pratique qu'ils se soient effondrés les uns sur les autres !), il finit par arriver sur un toit occupé. Il faillit faire demi-tour, hésita. Il avait envie de causer à cette demoiselle. En fait, Jack réagissait souvent par pulsion, il était libre de faire ce qu'il voulait, et parfois il avait envie de se socialiser. Comme ce jour là. Il s'approcha donc d'un pas nonchalant, hésita une autre fraction de seconde. D'un simple mouvement, la jeune fille venait de dévoiler, le temps d'un simple soupir, une arme semblable à la sienne. D'accord, rester sur ses gardes, les chats aux longs cheveux noirs et au visage fin comme celui là mordent. Néanmoins... Croyez vous qu'un détail aussi insignifiant va ralentir notre grand épouvantail ? Pas vraiment. Ce dernier s'avança donc d'un pas léger, rangeant d'un même mouvement ses écouteurs. La jeune fille en avait de semblables et devait donc être perdue dans son monde. Il remarqua qu'elle étudiait de l'italien, mais que sa mine était tout de même légèrement renfrognée. Et qu'elle grignotait quelques petits gâteaux. Yosh, copine. C'était à peu près ce qu'il faisait chez lui avant qu'un chaton noir vienne bouffer ses grolles. Sa voix était assez douce, presque un murmure : il n'aimait pas le bruit.

« Ciao, Principessa... »

Oui, avouons le, ce sont les seuls mots ou presque qu'il sait dire en italien avec les cinq premiers chiffres. Mais c'est déjà pas mal non ? Il était penché par dessus l'épaule de la jeune fille, pas vraiment gêné, un peu comme un chat sauvage qui rencontre pour la première fois un chat des villes, civilisé. Ou plutôt une mignonne petite minousse qui, visiblement, savait se défendre.

« Contact

with a girl who has some cake *_* »

.

Le grand gaillard eut un simple petit sourire, comme un trait dessiné au pinceau et à l'encre par un maître peintre sur son visage souvent fermé.

« Ciao. »

Une réponse claire, concise, précise, sans appel. Ouh, ça fait beaucoup d'adjectifs pour un simple bonjour, mais Jack analysait souvent tout ce qu'il se passait devant lui, sans forcément s'en rendre compte. Il se redressa, d'un mouvement ample, avant d'aller s'asseoir en tailleur devant la jeune fille. Elle parlait italien, certes, mais avait aussi un joli petit accent américain. Mmh, Jack, t'es australien j'te rappelle. Un australien albinos, alors tu fermes ta grande gueule d'accord ?

« Un gâteau ? »

... Sociable. Bon, d'accord, elle ne lui avait pas sauté dans les bras (ça lui est déjà arrivé, il a failli tuer quelqu'un ce jour là. La gamine a pas compris ce qu'il lui arrivait, mais elle va bien.), mais elle parlait c'était déjà ça, même si c'était peu. Tant mieux. Jack n'aimait pas les gens qui se sentaient toujours obligés de raconter leur vie, de dire quelque chose, meubler, toujours, le silence, sans laisser le temps à ce dernier de s'installer. Mais pourquoi les gens n'aiment pas le silence ? C'est génial, le silence. Mais nan, y'a toujours un troufion de base pour trouver que, le silence, ça va bien cinq minutes. Dommage, Jack lui, c'est plutôt les troufions de base qu'il trouve que ça va bien cinq minutes. Et Jack a souvent des manières... Expéditives de régler les choses qui ne lui conviennent pas. Un problème ? A chaque problème sa solution. S'il n'y a pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème.

Bon, c'est pas que la jeunette lui a proposé quelque chose, mais il va pas rester là cent sept ans à regarder dans ses beaux yeux si une grenouille en sort. Il tendit le bras vers le paquet et attrapa rapidement une sucrerie chocolatée (chocolat *_*) de ses longs doigts de lévrier. Un ton qui pouvait paraître froid, mais qui n'était que neutre :

« Merci... Jack. »

Yosh, c'est pas encore une conversation mais ça s'en approche doucement. Doucement mais sûrement. Quoi que ce n'est pas vraiment une façon d'annoncer son nom à quelqu'un, mais Jack n'est pas quelqu'un à se préoccuper des conventions (ni à les suivre d'ailleurs). A vrai dire, je le rappelle, nous parlons d'un individu en chaussette se trimballant sur les toits. La classe in-ter-na-tion-nale. Il chercha dans son sac et en sortit une petite bouteille d'eau qu'il plaça au centre de l'aire de pic-nic. Après tout, pourquoi pas faire un petit déjeuner par ici plutôt qu'ailleurs ? De l'altitude, des gâteaux, de l'eau, de la compagnie, que demande le peuple ? Du lait, peut être, mais ne faisons pas la fine bouche. D'accord, c'était le début de l'après midi. Mais Jack vivait surtout la nuit, au milieu des étoiles et des truands (Quoi que des truands, assez loin). Il regarda autour de lui d'une façon d'habitué. S'il se sentait aussi à l'aise sur les toit, c'était principalement parce qu'il y passait sa vie. Ailleurs, il n'aurait pas agi ainsi. Des nuages noirs s’amoncelaient doucement au dessus d'eux.

C'était quand même comique, deux ados avec des Beretta à la hanche qui discutent (discutent est un grand mot) en mangeant des gâteaux et révisant leur italien.

« I'm not singing,

but it's raining, gosh... »

.

Une belle hésitation avant de répondre de la même façon, donnant son nom à la fin. Avait elle hésité à donner son nom, ou était-ce autre chose ? Jack soupira, passa sa main dans ses longs cheveux blancs, les ébouriffant encore plus, et le faisant encore plus ressembler à un clodo du dimanche si c'était possible. Rah, non mais on n'a pas idée tout de même de se trimballer comme ça. Un vrai sac. Jack ne savait pas trop quoi faire, il se rendait compte maintenant qu'il était arrivé comme un cheveu sur la soupe, etquebon. Ce se faisait pas quand même. Surtout quand on est un bavard invétéré comme ça, quoi.

« Tu parles Italien ? »

Fail, try again ♪ Non notre déplumé ne parle pas italien, en fait à part compter jusque cinq il serait absolument perdu si on lui causait. Mais la tentative de conversation était une sympathique attention, et il décida de répondre et de relancer sur autre chose. De façon maladroite. Très maladroite.

« Nope... L'Italie. Tu y es déjà allé ? C'est... Intéressant ? »

Mon dieu... Il a fait une phrase ! Avec des MOTS ! Il a posé une QUESTION ! Mais c'est merveilleux, proprement merveilleux. Inespéré. Il n'est pas muet, mais c'est une bonne nouvelle ! Bon, ce n'est pas fameux. Intéressant, le mot était mal choisi. Il voulait savoir si c'était vraiment comme on le disait. Si le soleil faisait briller les murs blancs des maisons, si les sourires des demoiselles faisaient tourner les cœurs, si la verdure tenace éclairait les environs, si le ciel bleu emportait votre esprit au loin, danser avec les oiseaux, si les bateaux glissaient sur la mer cyan dans un bruit de vague agréable... Bref, si l'Italie était jolie, incitait au rêve. Pas intéressante. Un homme politique peut être intéressant. Mais lui, il n'en avait strictement rien à foutre des hommes politiques.

Il avait dit ça d'un ton assez neutre, presque comme une constatation, à vrai dire l'intonation de ses paroles excédait rarement ce stade. Il attrapa un autre gâteau au chocolat, il n'allait pas la dévaliser mais il crevait la dalle le pauvre. Il enfourna ce dernier qui disparut rapidement, tout comme le premier tantôt. Quoi, péché de gourmandise ? Jamais, Jack est parfait. Ses chaussette aussi d'ailleurs. Toi le gaillard du fond qui rigole comme un con tu sors. Nan mais. Jack se dit que le temps se rafraichissait un peu, mais n'eut le temps de penser à rien qu'une goutte lui arrivait sur le museau. Ploc. Rofl, il allait devoir rentrer, une averse se préparait, mais le temps qu'il arrive à son appartement il serait déjà trempé. Il aurait dû partir moins précipitamment et prendre un gilet ou un truc du genre, parce que là... Mais un bâtiment adjacent était en ruine, et offrait quelques cases où il pourrait être au sec le temps que ça se calme. Déjà un grondement sourd et lointain se fit entendre. Saleté de ville où il pleuvait souvent, saleté de pollution qui donnait ce temps. Chienne de vie.

Jack ne dit rien, ne fit pas un constat qui ne serait qu'une Lapalissade, ne déclara pas "... Il pleut" d'un ton neutre et inintéressant. Par contre, il se leva, s'étira, et désigna du menton les caches décrépies à son interlocutrice (si si , même si ils parlent pas beaucoup ils sont interlocuteurs. ). Après tout, elle n'avait peut être pas envie d'être mouillée, elle aussi. Il ne savait pas où elle habitait, mais c'était encore la meilleure solution. Quoi que Heather pouvait toujours rentrer dans le bâtiment, en fait, mais Jack passant son temps dehors et dans sa piaule n'avait pas eu cette pensée. Saleté d’asocial, va. Après, nous verrons bien si elle le suit, après tout. Il ramassa sa bouteille d'eau sans la ranger, ce n'était pas une petite pluie qui allait l'empêcher de rester dehors, mais laissa Heather s'occuper de ses gâteaux et de son livre (elle pourrait le prendre pour un voleur après tout. Surtout pour les gâteaux.) Il regarda autour de lui, calme. Il n'avait rien à faire. Pourquoi se presser ?

Les nuages noirs emplissaient le ciel.

« It's dangerous, you're dangerous,

I'll kill you ♪ »

.

Au contraire de mis Labruyère, Jack s'assit le plus possible de l'entrée en ayant les fesses au sec. Non, il n'avait absolument rien contre la jeune femme, mais à son contraire il aimait la pluie. Lorsque les gouttes de ciel tombaient, tout semblait se recouvrir d'un fin voile de coton, le temps semblait s'arrêtait, plus rien n'avait d'importance. Il n'y avait plus qu'une grande étendue grise, glacée dans le temps, apathique. Oui, cette tristesse qui se ressentait à n'importe quel endroit les jours de pluie, il aimait cette sensation. C'était tellement... Oui, ça lui ressemblait tellement. Jamais heureux, toujours là, comme un cheveux sur la soupe. Comme un chien dans un jeu de quille...

« l'Italie est un beau pays. Les plages sont blanches, la mer d'un pur bleu azur. Les gens sont souriants et aimables. Après, selon que tu sois touriste ou habitant, la vie est plus ou moins rose. Pour ma part, en tant que mafieuse, j'étais du côté touriste absolue. Rien ne m'était interdit, alors oui, je pense que l'Italie est intéressante. Mais je n'ai pas le recul des habitants qui galèrent au quotidien pour trouver le moindre boulot au milieu d'un gouvernement corrompu et exigeant. »

Voilà. C'était exactement ce que Jack, rêveur de nature, avait besoin de savoir. Ce qu'il voulait savoir. Elle avait parfaitement saisi ses mots mal choisis. Elle y était déjà allé, combien de fois, va savoir, peu si c'était en tant que touriste. Mais rien qu'à entendre ces mots, il était possible avec un peu d'imagination de sentir la sensation du soleil sur sa peau, d'entendre les vagues bruisser autour de soi. D'y être.

Mais non. Non, jamais Jack ne verrait l'Italie, de toute façon, même s'il en avait eu envie. Il était coincé dans ce petit bout de terre, cette ville dégueulasse, et rêver était tout ce qu'il pouvait faire.

« Ca te dérange si je fume ? Tu peux répondre oui. »

Jack sortit de ses pensées, releva légèrement la tête. Il se passa quelques secondes, la flamme dansant devant ses yeux rouges et se reflétant à l'intérieur, pour que Jack ne saisisse vraiment la question posée. Il soupira, le mur rugueux (enfin ce qui servait de mur, le bout d'immeuble en fait) frottant contre son dos. Il lâcha dans un souffle :

« Non... Non, tu peux fumer... »

Peu de choses, à vrai dire, dérangeaient l'asperge grise. Fumer n'en faisait pas partie, même si lui même n'appréciait pas se shooter avec ces substances qui étaient devenues monnaie courante. Un léger silence s'imposa, uniquement troublé par la respiration des deux êtes humains. Jack détacha son regard de la pluie qui tombait maintenant à grosses gouttes, trempant le seuil de leur antre. L'asperge se rabattit un peu vers l'intérieur pour ne pas réduire ses efforts pour rester sec à néant. La cigarette d'Heather n'était qu'une petite lumière rouge disparaissant dans la lumière pâle émanant de l'extérieur.

« Maaw ? »

... Un miaulement. Jack fit un bond en arrière, écrabouillant à moitié Heather dans son mouvement et manquant de se brûler au passage, et voyant le chat qui se dressait devant lui (bon, d'accord, qui se noyait à moitié pitoyablement dans les quelques centimètres d'eau), sortit son arme à feu pour la pointer sur la pauvre petite bête.

Compulsif ? Hantise, phobie ? Rationalité ? Le chat, non, le petit chaton n'était autre que la bestiole aperçue quelques instants plus tôt une chaussure dans la gueule. Cette dernière avait maintenant disparu, ne laissant qu'un piot perdu. Un gamin pouvant, je le rappelle, balancer de l'électricité. Il pleuvait, il y avait de l'eau partout. Jack, d'un mouvement froid, releva le chien de son arme avant de viser légèrement devant les pattes du nouvel arrivant. Il ne savait absolument pas quelle puissance pouvait dégager un chat modifié génétiquement par les émanations de la centrale, mais surtout il ne comprenait pas comment ce dernier pouvait être apte à produire cette électricité avec lui dans les parages. Son pouvoir ne touchait pas les animaux ? Il n'en savait rien, mais habitué à voir des gens normaux autour de lui, c'était assez... Flippant, pour une fois.

Jack ne dit rien, n'eut pas le réflexe de prévenir Heather, qui allait sûrement protester de se voir bousculée et de le voir pointer une arme sur un pauvre chaton tout con, mais il avait tellement l'habitude d'être seul et de ne rien sire que bon, on lui pardonne.

« Sunday bloody sunday...

I can't believe the news today... »

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Jack faillit appuyer sur la gâchette. Faillit. A quelques centimètres près, il ne restait du chat qu'une bouillie rouge et informe. Pauvre bête. En attendant la pauvre bête, après avoir lâchement électrocuté Heather, fixait Jack de ses yeux bleus. Ce dernier, légèrement mal à l'aise (vous êtes vous déjà fait fixé par un chat ? C'est très agaçant.), aurait bien reculé d'un pas de plus (quel courage, quel homme !), mais il ne le pouvait pas. Il décida donc d'avancer de quelques pas en faisant de grands gestes avec ses bras. A part le fait que, subitement, il s'était transformé en épouvantail, cette action n'eut absolument aucun effet. Il abandonna donc, la bestiole se rapprochant d'un bond avant de s'asseoir. Jack hésita à donner un coup de pied dans la bestiole, mais décida de reculer prudemment. Oui, encore une preuve de courage, mais voyez vous jack n'est pas le genre de personnage à se jeter sur ses ennemis en hurlant et en donnant des coups de poing dans le vide. Non, c'est plutôt le genre de personne qui arrivent subtilement dans votre dos avant de vous trancher la gorge. Discrétion.

Jack hésita encore quelques secondes et finit par ranger son arme. Il n'allait pas tuer la bestiole, qui visiblement de toute façon ne pouvait pas faire de mal aux deux jeunes gens, ou ne le voulait pas. Comme pour confirmer cette intuition, le petit chaton noir bondit vers Jack, qui eut un mouvement de recul, avant de se frotter contre ses jambes en ronronnant.

Ah bah bravo. Jack s'est fait adopter.

Ce dernier resta immobile quelques longues, immenses, interminables secondes, avant d'approcher la main du chat et de... L'attraper par la peau du cou. Ce denier s'arrêta de ronronner mais ne fit rien de plus, comme en attente de ce qui allait se passer. Jack, s'avança lentement vers la sortie, déposa le chat dehors, et revint à l'intérieur à la façon d'un chien souhaitant éviter la pluie. Ledit chien se retourna lorsqu'il était arrivé près du fond, pour voir le chaton noir tirer la tronche sous la pluie.

Ému ? Euh, non, pas vraiment.

« ... t'aurais pas une idée pour le faire partir ? »

A vrai dire, ce n'était pas l'idée que le chat reste là qui l'embêtait. C'était l'idée qu'il s'approche de nouveau, lui et ses copains électricité et éclairs. Wouhou, chaton noir attaque Tonnerre. C'est super efficace. Heather et Jack perdent quelques points de vie. Voulez vous contre attaquer ? Voulez vous donner une baie au chat sauvage ? ... Voulez vous lancer une pokéball ?

Jack attrapa son sac et commença à fouiller dedans, pour voir s'il ne trouvait pas une utilité à ses objets. Il sortit de sa boîte aux trésors son IPod et ses écouteurs (il pouvait toujours s'en servir comme lasso, ou se pendre avec), qu'il déposa sur une pierre sèche à côté de lui, un briquet (même s'il ne fumait pas, ça sert.), quelques crayons de couleur et crayons de papier, une pochette et des feuilles (artiste ? un peu...), un portefeuille avec quelques billets (n'ayant plus vraiment de valeur de nos jours), deux billets d'avion (que faisaient ils là ? Mystère...), sa bouteille d'eau, une couverture (très compressée. Un genre de petit carré qu'on met trente secondes à faire jaillir, et trente longues minutes à écrabouiller de tout son poids), un jeu de carte (ça, il le mit même sur le rocher plus haut, enfin sur le bout d'immeuble plus haut, pour pas risquer de le mouiller. Jeu de carte. Bwaah *_*), un feutre noir, un marqueur, une paire de chaussettes (non, moi non plus je ne sais pas pourquoi), puis dénicha une corde. Il s'arrêta là. Après tout, ça ne servait à rien de continuer son excavation, déjà il n'avait plus de place à côté de lui, et puis il n'avait rien d'utile. En plus, y'allait falloir ranger tout ça.

Le chat n'avait pas bougé.

Voulez vous contre-attaquer ?